[HUGO VICTOR]. BOURDELLE Emile-Antoine (1861-1929).

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[HUGO VICTOR]. BOURDELLE Emile-Antoine (1861-1929).
Lettre autographe signée à de chers amis [Monsieur et Madame Dispan], Paris, le 12 juin 1885. 8 pp. in-12. Avec deux dessins originaux. Très belle lettre sur les obsèques de Victor Hugo auxquelles il vient d'assister. Longue description de l'enterrement d'Hugo, plusieurs anecdotes sur la mort d'Hugo, son testament, ses dernières paroles, dont Bourdelle recopie des passages en imitant la signature d'Hugo. «... Victor Hugo ? Demandez-vous. Je ne puis croire qu'il soit mort et pourtant ! J'étais à l'enterrement au convoi qui est parti de l'Arc de l'Etoile à 11 heures et a défilé jusqu'à 8 heures du soir vers le Panthéon. Je portais une couronne 5 de Montauban. Il y en avait un nombre infini elles couvraient les bords du Panthéon. Le cercueil avait été exposé toute la nuit sous l'Arc de Triomphe de l'Etoile au pied d'un catafalque qui tenait toute la hauteur de la voute. Les cuirassiers éclairaient la scène avec des torches allumées tout Paris était là. Victor Hugo a été porté sur le corbillard des pauvres et seul à quelques pas en arrière venait son petit-fils. Ensuite la famille Hugo, délégation et caetera. La presse était en Révolution. Le deuil était profond et de tout Paris, de toute la France, du monde entier les foules venues à son passage suprême étaient d'un recueillement d'une tranquillité désespérée et poignante on a tous fait des vers, des dessins, des peintures, de la prose. J'ai appris sa mort un des premiers au salon par Monsieur de Hérédia avec qui j'étais en compagnie de M. Pouvillon et Pomairols. J'ai fait un quatrain pour une couronne de Montauban et un pour déposer aux pieds du cercueil. Etienne... ce bon cœur qui bêchait tant le grand poète, s'est ému et donné un mal de diable pour des couronnes. Pour ma part l'horizon s'est restreint quelque chose de mon ciel intellectuel idéal s'est effacé : écrit dans la foule 31 mai pendant l'exposition du corps sous l'Arc de Triomphe. à Victor Hugo. Ton âme va monter au sortir de ses voiles Dans le ciel éclatant de l'immortalité C'est ainsi que l'on voit devant l'éternité S'augmenter lentement le nombre des étoiles : Je suis encore fatigué des courses que j'ai fait pour voir tous les préparatifs de l'enterrement celui de Gambetta n'était rien paraît-t-il a coté de celui de Hugo. Un grand crêpe sur l'angle de l'Arc de l'étoile. Les drapeaux couverts de crêpe les Becs de gaz.... et allumés tout le jour de grands trépieds au pied de l'Arc de Triomphe avec de grandes flammes. Des peintres des dessinateurs partout. J'ai fait queue la veille de l'enterrement pour passer devant le corps exposé j'ai subi 4 heures d'étouffement, d'écrasement pour ne rien voir et à mon grand regret je n'ai jamais vu Hugo. Voici le quatrain pour la couronne des Républicains de Montauban. Les châtiments. A Victor Hugo Immortel écrivain des formidables pages / Où passe glaive en main l'ange des châtiments / On entendra longtemps dans le lointain des âges / l'Echo répercuté de tes rugissements. J'avais été durant sa maladie m'inscrire chez lui il y avait foule et les voitures roulaient nuit et jour. Connaissez -vous le dernier vers du mourant qui s'est levé du lit avec une vigueur surprenante et a dit : «la vie la vie !» et puis a jeté ce vers dernier. C'est ici le combat du jour et de la nuit. Son testament Je donne cinquante mille francs aux pauvres Je désir être porté aux cimetières dans leur corbillard Je refuse l'oraison de toute les Eglises ; Je demande une prière à toutes les âmes Je crois en Dieu Victor Hugo...» Dans le texte, deux dessins originaux, le premier représentant la foule amassée devant l'Arc de triomphe drapé de crêpe noir, au milieu de nombreux drapeaux ; le second est l'ébauche d'une statue (La Victoire d'Hannibal ?).
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