[HUGO VICTOR]. HUGO Adèle (1803-1868) et Victor (1802-1885).

Lot 49
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1500 - 1800 EUR
[HUGO VICTOR]. HUGO Adèle (1803-1868) et Victor (1802-1885).
Lettre autographe signée [Guernesey] (s.d.) 3 pp.1/2. in-8. Avec des corrections autographes de Victor Hugo. Très belle et intéressante lettre sur les enfants pauvres, les corrections de la main de Victor Hugo sont mentionnées en gras. «Monsieur, Je passais l'autre jour sur la place du marché. Je voyais un enfant de six mois, porté par une petite de cinq ans, qui ne savait comment se tirer de son fardeau. Dans un bras aussi faible qu'expérimenté le maillot souffrait et pleurait sans doute la mère de ces pauvres êtres absente pour gagner sa vie et celle des siens, avait confié son nourrisson à un autre de ses enfants. Nombre de mères dans cette ile en sont réduites à cette pénible nécessité. La plupart des femmes de marins ont leurs maris absents ! La charge et la responsabilité de la famille retombent sur elles. Pendant que la mère gagne son pain dehors, les enfants restent sans protection, ou et abandonnés à des étrangers qui souvent les maltraitent. La situation des mères n'est pas moins douloureuse que celle des enfants. Je me suis demandé ce qu'il y aurait à faire pour adoucir ces misères. Il y a bien ici des écoles qui servent d'asyle aux enfants, mais ils n'y sont admis qu'à six ans. Depuis le moment de leur naissance jusqu'à cet âge ils n'ont pas de refuge. Dans cette situation voici ce qui me semble possible. Nous avons a Paris et dans toutes les villes de France des établissement connus sous le nom de crèches : un logement sain et choisi dans un point central de l'arrondissement ou dans la ville. Dès l'âge de six semaines la crèche est ouverte aux nouveau-nés. Une femme dont l'intelligence, le zèle et la douceur sont reconnus sert de mère à ces intéressantes créatures en l'absence de l'autre mère. L'enfant apporté le matin à la crèche est lavé, changé, nourri jusqu'à ce que l'on vienne le reprendre le soir. Sous le patronage de personnes charitables ces enfants sont visités et un médecin veille sur leur santé. Il serait ce me semble, aisé d'importer ici cette excellente institution. Je suis étrangère, mais j'aime Guernesey et qui n'aimerait pas ce charmant pays où il y a tant de bons cœurs ! C'est à ces bons cœurs que je m'adresse. Ils me comprendront. La fondation d'une crèche honorerait notre chère petite ile. Il y a des enfants riches qui sont bien heureux et il y a des enfants pauvres qui sont bien malheureux. Cette différence fait de la peine à Dieu, je parle ici aux cœurs religieux. Dieu ne connaît pas d'enfants pauvres. Il est le père de tous. Imitons-le et que notre petite communauté chrétienne soit la mère de tous les enfants. Donnons à ceux qui n'ont rien un peu du superflu de ceux qui ont tout. Et nous ferons une bonne œuvre. Et nous emporterons quelque chose qui sera à nous dans le lieu suprême où il n'y a ni grands ni petits, ni pauvres ni riches. Les amis que j'ai laissés à Paris m'ont offert leur concours pour un marché que je compte faire et dont le produit reviendra à la crèche. Les honorables habitants de Guernesey qui s'associant à cette idée voudraient contribuer au succès de l'œuvre sont priés d'adresser, à Hauteville House, chez Mme Victor Hugo (...)»
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