GANCE (Abel).

Lot 154
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GANCE (Abel).
Napoléon vu par Abel Gance, épopée cinématographique, tome 1 : Bonaparte. Paris, Librairie Plon, 1927, in-8, reliure demi-maroquin jaune d'or avec encadrement, feuilles de bois clair sur les plats, dos lisse, couverture et dos conservés, non rogné, (J.-P. Miguet), sous étui, 408 p. Édition originale. 34 photos du tournage, Un des 100 exemplaires numérotés sur pur fil Lafuma (seul tirage en grand papier). Envoi autographe signé : A André S. Labarthe - mon amitié attentive - parce qu'il est un des rares jeunes du cinéma qui doit laisser un trace durable de son passage dans notre Art. Exemplaire enrichi de 2 photographies originales de l'époque en tirages argentiques, elles sont toutes deux annotées au dos par Gance. La première est un très beau portrait du cinéaste prise en Corse en 1927 (17,3 x 11,5 cm). La seconde (9, x 7,3 cm) montre une caméra montée sur un cheval : Invention d'Abel Gance pour prendre la poursuite vue par un cavalier au galop. Le cavalier est Jules Kruger le chef opérateur. C'est l'une des innovations du réalisateur instaurée pour son film. Gance mettra en Oeuvre trois caméras afin de projeter sur trois écrans, technique qu'il baptisera de « Polyvision » : « Dans certains plans de Napoléon, dira-t'il, « j'ai superposé jusqu'à seize images, elles tenaient leur rôle « potentiel » comme cinquante instruments jouant dans un concert. Ceci m'a conduit à la polyvision ou triple écran présentant à la fois plusieurs dizaines d'images ». L'exemplaire est également enrichi de 4 longues lettres autographes signées d'Elie Faure à Abel Gance au sujet de son film. Paris, 25 mars 1927 - 17 avril 1929, 12 pages in-4, la dernière in-8 à en-tête du Docteur Faure. Elles sont montées sur onglets dans le volume. Traces de perforation. Rappelons l'intérêt de l'historien pour le cinéma et la publication en 1921 de son ouvrage consacré à Napoléon, qui fut pour Gance une source d'inspiration. Ces lettres sont de précieux commentaires apportant conseils sur son film, pour son remaniement, pour en tirer le meilleur parti, selon Elie Faure. Il propose notamment un bon nombre de coupures. Gance a marqué, en marges, au crayon rouge les passages qu'il a retenus. La grande première du film eut lieu le 7 avril 1927 à l'Opéra Garnier, la partition musicale était d'Arthur Honegger. Vous avez, dans votre immense fresque, les éléments d'un film charmant, qui suffirait à remplir toutes les salles de cinéma pendant plusieurs mois... Je renoncerais à peu près complètement aux épisodes et anecdotes à coté qui encombrent le film en ne gardant que ceux qui soulignent le tumulte et l'accent de cette étonnante histoire et participent activement et strictement au drame... Menez-le tambours battants mais sans regarder de droite et de gauche. N'affaiblissez pas le formidable effet que produisent les Cordeliers (quelques scènes à part), la Convention et la tempête en entier, Toulon (un peu trop de répétitions parfois), ce 9 thermidor, le bal des victimes... En somme, les évènements que vous contez sont trop romanesques par eux-mêmes pour que vous n'ayez pas le droit d'en dégager et même d'en transposer le romanesque, mais qu'il ne soit dangereux d'y ajouter d'autres éléments de fiction, lesquels paraissent maigres et comme étirés entre les images essentielles, si grandioses, qui donnent à votre film sa puissante signification. (...) Voilà, mon cher ami, les sacrifices qu'à mon avis vous devez faire pour alléger et aérer votre fresque et, par là même en accroitre la majesté. Vous êtes un maçon, ne faites pas de la dentelle, en tout cas ici le moins possible. Vous avez, mon cher ami, dans le maniement des foules et l'expression dramatique plus de génie que vous ne vous en doutez-vous même, et de ce point de vue je ne vois personne qui puisse vous être comparé, laissez à d'autres la fleur bleue et l'élégie. Votre film a ceci d'extraordinaire - et vous avez cette veine ! - que ce qui peut et doit en être retranché est presque rigoureusement ce qui est le moins dans vos cordes ! (...) Vous tenez un admirable film, dont le cOeur est la tempête, jamais encore vue au cinéma, grande comme un chant de Dante ou un épisode de la Sixtine... Si vous avez besoin de moi d'ici le 7, abusez. Au Marivaux, on a projeté quelques scènes de votre Napoléon. (...) Votre désordre même a les allures du génie et je suis bien de l'avis de Moussinac qui prie qu'on ne vous prive pas de vos défauts. Le rythme du mouvement, la flamme de l'inspiration, le tumulte de l'action emporte tout. On comprend à vous regarder votre amertume à parler du valérysme et de l'intellectualisme qui élèvent la constipation distinguée à la dignité que seule jusqu'ici, et pour cause, la forte poésie du cOeur et de l'imagination a pu atteindre. J'ai de ces gens et de ces choses une horreur tout à fait pareille à la vôtre. Elle me ramènerait même à Hugo, avec lequel vous avez tant de points communs, et m'a déjà, depuis bien des années, consolidé dans l'admirat
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