BLANCHOT (Maurice).

Lot 112
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BLANCHOT (Maurice).
26 lettres autographes signées à Jean PAULHAN. 34 p. in-8 ou in-16 le plus souvent sans dates, plutôt des années 60. De belles lettres dont nous ne pouvons que donner que quelques extraits, sans ordre. Dominique Aury, Roger Judrin, Pierre Oster, Georges Bataille, Albert Camus, Jules Supervielle, Marcel Arland et toute l'équipe autour et à coté de Paulhan apparaissent un moment donné dans ces pages. Au sujet d'Albert Camus : n'était-ce pas émouvant, ce détour si embarrassé par lequel, écrivant, il s'efforçait de rejoindre cette simplicité qui lui était autrement si naturelle et qu'il retrouvait d'autant plus difficilement qu'il se résignait moins à la perdre ou qu'il ne voulait pas en retrouver une autre ? Je lisais cette semaine « Le Pont traversé », et toujours avec le même sentiment de savoir tout enfin que ce livre me donne, je veux dire comme si j'ignorais tout à coup plus de choses que je n'en puis ignorer. Ce mouvement devrait m'aider à m'approcher de la lecture de vos pages. Merci de ce don d'amitié. Je voudrais vous remettre ces pages sur Camus maintenant (trop tard et trop tôt) [Camus est mort le 4 janvier 1960], pour qu'elles restent à votre disposition. Dans le courant de janvier, je vous ai, n'est-ce pas, adressé une chronique « Entretien sur un changement d'époque » ? Pour laisser un certain temps après le numéro d'hommage, cette chronique pourrait paraître d'abord ? (...) M'en voudrez-vous si je me joins à l'hommage que la revue rend à Supervielle ? Mais, bien entendu, si ces pages ne vous paraissent pas convenir, n'en tenez pas compte... Ne soyez pas irrité par la manière, sans doute grossière, dont je n'ai pu me retenir d'utiliser « Le Pont traversé ». Vous savez combien je suis attaché à ce livre, comme il ne cesse de me parler, me faisant chaque fois, doucement, la surprise de m'enrichir de mon ignorance. (...) De même qu'aussi je reste reconnaissant du livre de R. Judrin [« La Vocation transparente de Jean Paulhan », 1961] des lettres qu'il me permet de lire et que j'ai lues et que je lis encore avec une étrange émotion... Ce qui se passe ? En effet, votre amitié l'a bien discerné : souvent plutôt joyeux, en tout cas, peu étonné. Quand à mes rapports avec le juge (qui se poursuivent), ils m'ont appris quelque chose non seulement sur les juges, mais aussi sur la philosophie. J'ai vu là, avec une sorte de reconnaissance, que la philosophie n'avait pas tout à fait perdu sa force scandaleuse, comme si, dans ce lieu privilégié qu'est le cabinet d'un juge, de tranquilles phrases abstraites retrouvaient leurs pouvoirs d'ébranlement. Voici 2 chroniques, elles aussi très abstraites, hélas (mais qui n'ébranlent rien)... Je suis inquiet de la santé de Georges Bataille, quoique, apparemment, il aille mieux et même de disposer à se réinstaller peut-être à la fin de l'année dans le quartier Saint-Sulpice. Je ne sais quoi de grave le menace... ... comment vous faire part, sans confusion, de mon pauvre embarras. Parlerai-je du Gilles de Rais de Georges Bataille (mais ?). Il y a aussi un livre de Jünger qui prétend montrer que nous sommes sortis de l'histoire, laquelle semble avoir pris fin, il y a quelques temps ; ce qui permettrait de parler du Père Teilhard et aussi peut-être de demander pourquoi l'idée de notre destruction radicale par quelques bombes soulève universellement chez les savants et les penseurs - y compris - je crois - les surréalistes - une réprobation peut-être frivole. Que les politiques cherchent à s'y opposer, rien à dire, mais il me semble que ce n'est pas la possibilité de cette destruction qui est nihiliste, mais le refus de vouloir penser cette possibilité et le souci de lui donner tant d'importance (mais tout cela a-t-il besoin d'être dit ?) J'ai l'impression que, cette fois, nous détenons le Prix des Critiques idéal : avec La Chambre des enfants [de Louis-René des Forêts]. En dehors de nos deux vaillants académiciens, ne serait-il pas juste de faire appel à des générations différentes des nôtres - par exemple Georges Lambrichs, Yves Berger ? Et ne conviendrait-il pas de cesser d'importuner Thierry Maulnier en ne le comptant plus dans un jury où il ne se plait manifestement pas ? Dans ce cas, quel meilleur remplaçant lui trouver que son ancien disciple, Claude Roy, critique du reste excellent, un peu trop libéral peut-être, mais ce serait une bonne réponse à ceux qui nous reprochent de manquer de libéralisme. Mais, cher Jean, vous avez agi pour mieux, prenant pour vous le souci de cette affaire et nous épargnant l'ennui de délibérer. Et enfin, puisqu'il faut des académiciens, je dirai, sans délicatesse, que nous n'avons pas perdu au change : de plus, des médecins, voilà qui va donner de la santé au Prix et peut-être à tout le jury. Finalement, pour ne pas vous mettre en difficulté et aussi parce que le cOeur ne permet guère plus, je me bornerai, si vous le voulez bien, à cette page qui n'apporte rien à votre numéro qu'une ombre d'ami
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