ARTAUD (Antonin).

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ARTAUD (Antonin).
Lettre autographe signée à Henri THOMAS. 7 janvier 1945, 4 pages in-8 sur papier quadrillé. Splendide document. A l'époque Henri Thomas avait entrepris un travail sur le Théâtre et son double qui venait d'être réédité. Il avait dû demander précédemment à Artaud des renseignements sur ses autres ouvrages. C'était sans doute la première marque d'intérêt pour son Oeuvre qui lui parvenait de la part d'un jeune écrivain, après des années d'isolement. La lettre que je viens de recevoir de vous est celle qui m'a le plus ému depuis des années. J'écris toujours mais mon esprit a subi une évolution profonde depuis 7 ans que je suis interné. Et je vous avouerai que toute mon Oeuvre ancienne est maintenant bien loin de mon cOeur. En voici toutefois la liste complète... J'ai commencé par un mince livre de poèmes, intitulé Tric Trac du Ciel, et qui a été publié par Georges [sic] Kahnweiler, marchand de tableaux, 29, rue d'Astorg, et qui était le marchand de Picasso, de Braque, d'André Masson, d'Elie Lascaux, etc. Ceci se passait en 1923. En 1924 a paru ma Correspondance avec Jacques Rivière dans la N. R. F., en 1925 a paru L'Ombilic des Limbes, en 1927 a paru chez Robert Denoël : L'Art et la Mort. C'est le premier livre que Robert Denoël ait publié. Un livre que je réprouve maintenant parce qu'il est anti-chrétien a paru en 1934, chez Denoël, c'est Héliogabale, mais toute ma vie, depuis 1937 que je suis allé à Dublin, et où je suis revenu à la foi chrétienne de mon enfance, ne cesse de lui tourner le dos. Le Théâtre et son Double a paru en 1938, mais il vient d'être réédité, j'étais à l'Asile Sainte-Anne à Paris au moment où il a paru. - Avant mon départ pour l'Irlande R. Denoël a publié un petit livre de moi qui a paru sans nom d'auteur et qui s'appelle Nouvelles Révélations de l'Être. II a eu beaucoup de succès en octobre-novembre 1938. Pour moi j'étais en cellule et camisole de force à ce moment-là à l'hôpital du Havre, pour m'être défendu énergiquement contre un steward et un chef-mécanicien qui dans ma cabine m'avaient attaqué avec une clef anglaise afin de m'assassiner. Car j'étais déporté de Dublin comme agitateur. C'est un fait véridique mais qu'on a nié depuis. Pourtant... J'ai fait en 1936 un voyage au Mexique et je suis allé au fond de la haute montagne retrouver une race d'indiens primitifs, qui pratiquent des rites solaires merveilleux et qui habitent la contrée d'où vient le peyotl qui a été transplanté en France en 1928, je crois. Ces Indiens s'appellent les Tarahumaras. Et j'ai écrit la relation de ce voyage dans la N. R. F. d'aout 1937. Ce récit de voyage doit être publié en volume par un nouvel éditeur du nom de Robert Godet, 4, rue Lecomte-du-Noüy, à Paris. Peut-être a-t-il paru à l'heure qu'il est. J'ai mis en scène aussi quelques pièces mais je vous redis que tout cela est très loin de moi. J'écris toujours mais des notes psychologiques personnelles qui tournent autour de quelques remarques que j'ai faites sur les fonds de l'inconscient humain, ses refoulements et ses secrets ignorés même du moi habituel. Quelques amis m'ont promis de venir me voir ici. Et j'aurai une grande joie à vous voir si vous voulez vous joindre à eux. Du fond du cOeur merci de votre lettre et croyez-en toute mon amitié.
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