[Anonyme]

Lot 1
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Estimation :
4000 - 6000 EUR
[Anonyme]
Sainte Face [Voile de Véronique] Dessin à la plume et aquarelle sur parchemin Allemagne du sud ou Suisse ? Dessin daté 1470 [anno domini 1470] mais sans doute s'agit-il de la date du modèle copié et non la date d'exécution du dessin Monogramme LD (coin inférieur droit, non identifié) [au dos, attribué à Lluis ou Ludovicus Dalmau, élève de Van Eyck (inscription récente et sans doute erronée)] Dimensions du dessin : 54 x 54 mm ; dimensions du cadre : 67 x 65 mm. Durant la montée au Calvaire, une femme nommée Véronique s'approche du Christ pour essuyer avec un linge (sudarium) son visage ruisselant de sang et de sueur : la Sainte Face reste miraculeusement imprimée sur le voile, image vraie “Vera Icona” du Sauveur. Cette image devient très populaire à la fin du Moyen Âge et au début de la Renaissance. L'effigie du Christ était réputée protéger d'une mort violente : le présent dessin, de petit format portatif, pouvait aisément être porté presque en amulette ou image protectrice par son propriétaire. Ceci est corroboré par l'inscription au dos en allemand : «La Sainte [en allemand «vraie»] Face de Notre Seigneur le Christ est à tous moments mon réconfort et mon espoir. Amen». Fort beau dessin à l'encre avec rehauts de couleur, réalisé avec une précision et un soin évidents. On notera que le Christ a ici les yeux clos, ce qui n'est pas commun dans les représentations de la Sainte Face (Voile de Véronique) aux XVe et XVIe siècles (on trouve des figurations aux yeux clos aux XVIIIe et XIXe siècles). S'il n'est pas rare qu'un dessin soit daté - celui-ci l'est de 1470 sur la banderole qui sous-tend le voile de Véronique - il est plus rare de trouver une signature monogrammée, ici «DL» ou «LD», inscrite dans le coin inférieur droit. Ceci a donné lieu à une attribution récente à Lluis Dalmau, peintre catalan actif de 1428 à 1461 sous influence de Van Eyck auprès duquel il se forma en Flandres. Cela nous paraît une attribution hasardeuse : la solution de l'énigme doit se trouver dans l'identification des armoiries que l'on trouve sur la droite de la tête du Christ. Il existe un «monogrammiste LD» associé à un graveur plus tardif lié à Fontainebleau, Léon Davent (actif 1540-1556). La date de 1470 et la présence d'un monogramme suggèrent une proximité avec la première production gravée allemande ou suisse, notamment celle des xylographies produites en Allemagne assez tôt, dès les années 1440 (on pense aux xylographies réalisées dans le sud de l'Allemagne dans les années 1440-1450, voir Lepape, 2013, cat. 27, 37, 59), puis après l'invention de l'imprimerie qui se multiplient dans les années 1460-1480. Il est aussi possible que l'on reprenne une gravure effectivement datée 1470 mais copiée quelques années plus tard, peut-être vers 1490-1500 ? La facture n'est pas sans rappeler les gravures d'artistes tels Martin Schoengauer (on lui connaît une représentation du Voile de Véronique [Bartsch 66]) ou Israhel Van Meckenem. Ce dessin est certainement à rattacher à d'autres exemples d'images “à indulgence” dont les inscriptions avaient une valeur d'incantation (voir Lepape, 2013, fig. XXXV, La Sainte Face du Christ, xylographie colorée, 1460-1470). Inscription : “Deus spes mea et auxilium meum anno domini 1470.” La date est inscrite en chiffres médiévaux, avec les chiffres “4” et “7” caractéristiques. Au dos, inscription ancienne en allemand (du XVIe ou XVIIe siècle) : “Das wahrhaftige Antlitz / unseres Herrn Christi / zu aller Zeit mein Trost / und Hoffnung ist, amen” [La Sainte [en allemand “vraie”] Face de Notre Seigneur le Christ est à tous moments mon réconfort et mon espoir. Amen]. Autre inscription portée au dos, au crayon à mine, moderne : “1440 (?)-1460. Ludovicus Dolmau (ou Dalmau) eleve de Van Eyck a Barcellone [sic].” Voir : Kuryluk, E. Veronica and her cloth : History, Symbolism and Structure of a "True" image, Oxford and Cambridge, 1991. - Brown, K.T. The Legend of Veronica in Early Modern Art, New York, 2020. - Lepape, S. Les origines de l'estampe en Europe du Nord, 1400-1470, Paris, 2013. On citera aussi une gravure en criblé, Atelier de la Passion Stöger, La Sainte Face, 1450-1460 (Bavière). (Lepape, fig. 59).
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