De l’Égypte prédynastique aux Cyclades

529 300 euros frais compris. Égypte, dynastie 0, vers 3150 av. J.-C. Vase au nom du roi Narmer diorite, h. 20,4 cm. Mercredi 30 mai, salle 7 - Drouot-Richelieu. L’une des spécialités phares de la semaine, l’archéologie, récoltait ici 2 921 373 euros frais compris, marquant cinq enchères à six chiffres et vingt-cinq à cinq chiffres. L’Égypte pharaonique pulvérisait les estimations et dominait les débats. Estimé pas plus de 20 000 euros, le vase prédynastique reproduit fusait à 420 000 euros. Son décor se limite à une fine cordelette sculptée sous la lèvre et à une inscription hiéroglyphique gravée donnant le nom d’Horus du roi Narmer, avec le faucon dressé sur le serekh. Narmer passe pour être l’unificateur de la Haute et de la Basse Égypte et par-là même, le fondateur de la Ire dynastie. Restons dans les temps reculés des dynasties égyptiennes avec trois objets affichant le pedigree de l’ancienne collection Burchard (1892-1965). 280 000 euros se déchaînaient sur un vase aussi minimaliste que celui reproduit. Datant de la IVe dynastie, vers 2566-2558 av. J.-C., il est en granodiorite à panse tronconique et pied élargi (h. 18,1 cm), sommairement gravé d’une colonne hiéroglyphique signifiant “le roi de Haute et Basse Égypte, Djedefrê (Didoufri), vivant éternellement”. Didoufri était le fils et successeur du grand Khéops et demi-frère de Kephren. Son règne fut court et sa pyramide ne fut jamais achevée. Une coupe probablement de la même époque en albâtre rubané (diam. 31 cm) était propulsée à 180 000 euros. Elle porte une gravure à l’extérieur au nom d’Horus de Kephren dans le serekh avec des mentions de service. Datant de la Ire dynastie et probablement du règne d’Hor-Aha (vers 3100 av. J.-C.), un vase tonnelet en albâtre (h. 12,5 cm) poursuivait ses prédécesseurs en montant à 100 000 euros. Il est gravé d’une procession de trois canards vers la droite, Rekhit. Ce dernier pourrait être un fils du premier pharaon de la Ire dynastie, Hor-Aha. Pour la provenance Burchard, signalons également les 45 000 euros du vase prédynastique en albâtre orné d’un crocodile, objet d’un encadré page 44 de la Gazette n° 21. Gagnons des époques plus habituelles sur la scène des enchères avec les 60 000 euros d’un modèle de bascule en pierre (l. 24,2 cm) au nom de la célèbre reine de la XVIIIe dynastie, Hatchepsout (1479-1457 av. J.-C.). Elle provient de son temple funéraire de Deir el-Bahari et se compose de deux demi-cercles réunis par sept traverses, l’un des côtés étant gravé de hiéroglyphes identifiant la reine. Les bijoux étaient bien représentés, provenant d’Égypte et d’autres civilisations. À 200 000 euros, l’estimation était quadruplée pour des éléments de parure provenant du tombeau des trois épouses étrangères de Thoutmôsis III. Au nombre de trente-huit, ils sont en or cloisonné incrusté de cornaline, en forme de rosette et montés en trois bandeaux qui servaient de couvre-perruque. Un bracelet de la XVIIIe dynastie, sans doute thébain, accaparait 50 000 euros. Il est formé de sept rangs de perles d’or, cornaline, lapis-lazuli et turquoise, maintenus par trois barrettes en or montrant Thot babouin, Thouéris et Anubis. Une précieuse amulette du Nouvel Empire en or incrusté de lapis-lazuli (h. 3,6 cm) sextuplait, à 42 000 euros, son estimation haute. Elle comporte sur quatre registres des motifs de plumes stylisés. Un collier phénicien du Ve-IIIe siècle av. J.-C. formé de dix perles de verre à visage humain grimpait en flèche à 40 000 euros (h. des perles : 1,6 à 2,2 cm). Direction le royaume d’Ourartou pour y découvrir à 42 000 euros, estimation haute doublée, un pectoral de cuirasse du IXe, VIIIe av. J.-C en bronze. Semi-circulaire, il est orné de dix cannelures aboutissant à deux parties plates gravées, dans le style assyrien, de deux registres superposés de griffons et de taureaux ailés de part et d’autre d’une rosette (h. 40 cm). À 36 000 euros, l’estimation était sextuplée pour une tête de taureau hittite du XVIe siècle av. J.-C. en terre cuite lustrée rouge orangé et blanc (h. 14 cm), fragment d’un grand rhyton cultuel. Une idole cycladique de type Spédos vers 2800-2600 av. J.-C. en marbre blanc (h. 18,5 cm) atteignait enfin 70 000 euros. N° 23 – 8 juin 2012 – LA GAZETTE DE L’HÔTEL DROUOT